La vie d’une entreprise n’est pas un long fleuve tranquille…
Au cours de sa vie en effet, une entreprise est confrontée à des crises internes ou externes, des changements de direction, etc.
Ces réorientations stratégiques, au sens où elles vont définir le nouvel axe suivi par l’entreprise, ne sont pas simples car il ne s’agit pas ici de créer une entreprise, mais bien de faire évoluer radicalement une entreprise existante. Ce changement de cap s’impose souvent comme une contrainte pour les entreprises, et il est vital, pour en faire une réussite, de compter les forces en présence avant d’amorcer le changement.
Cet état des lieux, qui peut d’ailleurs être réalisé à tout moment de la vie de l’entreprise, permet de savoir, a priori, si la réorientation imaginée est un bon choix. Il va aussi permettre de savoir quel est l’éventuel chemin à parcourir pour atteindre le but fixé.
Pour cela, vous devrez vous poser 4 questions fondamentales avant d’aller plus loin : avez-vous la technologie, avez-vous le savoir-faire, avez-vous les moyens financiers et avez-vous une connaissance du marché ?
1) Avez-vous la technologie ?
Par technologie, on entend les moyens matériels et éventuellement logiciels pour fabriquer ce que l’on veut produire. Par exemple, une entreprise qui voudrait se lancer dans la fabrication de menuiseries en acier à l’ancienne aurait besoin de machines de technologies courantes pour débiter, cintrer et souder les différents éléments. En revanche, pour être présent dans le secteur de la bio-technologie, c’est une autre histoire.
Il peut également arriver que la technologie ne soit pas encore au point ni performante. C’est ce qui se passe par exemple pour les voitures électriques pour pour l’énergie solaire. Dans ce cas, il faudra au préalable disposer de ressources humaines très compétentes pour développer en interne sa propre technologie.
2) Avez-vous le savoir-faire ?
Avoir la technologie ou la maîtriser est une chose, avoir le savoir-faire en est une autre.
Si l’on reprend l’exemple des menuiseries métalliques, disposer des matériels et d’une manière plus générale de la technologie permettant de passer de barres d’acier à une fenêtre est à la portée de tout le monde (ou presque). En revanche, disposer des ressources en interne capables d’utiliser cette technologie n’est pas si simple, surtout si le métier dans lequel veut se lancer l’entreprise est très différent de son métier initial.
D’une manière générale, plus la technologie est pointue, moins il y aura de personnes la maîtrisant et plus les niveaux demandés seront élevés. Quant à la formation interne ou externe, il sera plus difficile de trouver des moyens de former son personnel aux techniques de fabrication des panneaux solaires ou des moteurs électriques, que des personnes sachant souder des profils de fenêtre.
En d’autres termes, le savoir-faire, même s’il peut s’acquérir par l’embauche par exemple de collaborateur le maîtrisant, est un point important de l’étude à ne pas négliger.
3) Avez-vous les moyens financiers ?
Passer d’un type de produits à un autre nécessite parfois (souvent même) des investissements lourds : en matériel, en formation, mais aussi en bâtiments, en protection de l’environnement, etc.
Avant toute chose, il faut donc savoir si cette réorientation est totale, c’est-à-dire qu’on fait table rase du passé et qu’on démarre tout autre chose, ou si elle n’est finalement qu’une évolution dans son métier. La question des finances est d’autant plus importante que, si on doit solliciter des aides extérieures (institutionnels, banques, investisseurs privés, etc.), il faudra poser sur le papier les éléments justifiant la rentabilité à priori de l’activité et les besoins associés.
Ce raisonnement vaut aussi pour un financement sur fonds propres car il ne s’agit pas de gaspiller de l’argent mais bien de trouver des nouveaux marchés permettant à l’entreprise de se développer.
4) A-t-on la connaissance du marché ?
La première chose à faire est de regarder s’il s’agit d’un marché connu car l’entreprise évolue déjà dans ce milieu. Si c’est le cas, il faudra s’assurer que les nouveaux produits et services proposés correspondent bien aux attentes du marché.
A l’inverse, si le marché est inconnu de l’entreprise, il faut savoir s’il existe un marché pour les nouveaux produits et services que l’entreprise se propose de développer. Une fois qu’on a trouvé qu’il existait un marché, il faut connaître sa taille. Et une fois qu’on connaît ces deux paramètres, il faut savoir si c’est un marché en croissance ou mature, et s’il est concurrentiel ou non.
Bref, cela représente de nombreux éléments à étudier au préalable. Mais il s’agit d’un effort nécessaire car l’ensemble des investissements en temps, en argent et moyens divers qui sont requis par la nouvelle orientation de l’entreprise doivent amenés à être rentables. Et pour cela il faut être capable de savoir à quelle échéance cette rentabilité sera effective. D’où l’intérêt de construire un projet réaliste, qui saura attirer et motiver les collaborateurs.
D’accord, j’ai bien saisi ces 4 points mais…quelle méthodologie utiliser?
Une fois que les 4 points précédents ont été traités (vous pouvez par exemple noter de 1 à 10 la capacité de l’entreprise sur chaque thème), les points à traiter en priorité sont rapidement mis en exergue.
Par exemple, une entreprise maîtrisant la technologie demandée pour son nouveau métier mais disposant d’un savoir-faire faible et de peu de moyens financiers, devra par exemple commencer par chercher des financements pour développer des prototypes et mener des actions de formation adaptées.
A chaque progrès réalisé sur les axes décrits ci-dessus, la note augmentera et permettra donc de mesurer le chemin restant à parcourir.
Ce n’est que lorsque l’entreprise aura des « bonnes notes » sur l’ensemble des thèmes qu’elle pourra se lancer dans cette nouvelle voie et entreprendre ensuite le développement et la commercialisation de ses nouveaux produits et services.
Ce processus reste complexe à mettre en place et à exécuter.